Les mots délicats à choisir en soutien d’un proche confronté au cancer, selon l’expertise d’une psychologue

Par Youness
Publié le 28 avril 2025
MAJ le 6 juin 2025

Lorsqu'un être cher est touché par la maladie, nos paroles peuvent avoir un impact profond. Découvrez comment éviter les phrases maladroites et offrir un soutien véritable grâce aux conseils éclairés d'une psychologue.

Quand les mots de guerre deviennent une charge

Face à la maladie, on a souvent recours à un langage de combat. Des encouragements tels que « Reste fort », « Tu vas surmonter ça », ou « Garde espoir » sont fréquents. Bien que bien intentionnés, ces mots peuvent parfois peser lourd sur la personne malade.

Dire à quelqu’un malade qu’il doit se battre peut lui faire penser que sa guérison dépend uniquement de sa force intérieure, de son courage ou de sa détermination. Selon Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, c’est un peu comme demander à quelqu’un pris dans une tempête de rester souriant et fort sans lui offrir de refuge.

Il est important de comprendre que la maladie, en particulier le cancer, n’est pas une compétition sportive. Ce n’est pas un défi que l’on choisit de relever ou non. Certaines personnes, épuisées par les traitements, n’ont tout simplement plus la force de « se battre ». Leur imposer de garder le moral à tout prix revient à nier leur droit à la fatigue, à la tristesse et à la colère.

Affirmer que « le moral représente 50 % de la guérison » peut être culpabilisant. Si la personne ne se sent pas bien, cela sous-entend qu’elle compromet ses chances de guérison. C’est un fardeau injuste, dont elle se passerait bien.

Éviter les comparaisons, privilégier la présence

Dans une volonté de réconfort, il arrive parfois que l’on compare la situation du malade à une autre déjà connue : « Je sais ce que tu traverses », « Mon cousin a eu la même chose et s’en est sorti », « Les traitements actuels sont efficaces ».

Même si l’intention est louable, ce genre de comparaison peut être mal interprété voire blessant. Chaque maladie est unique, chaque vécu l’est aussi. Comparer peut parfois minimiser la situation. Dire « je comprends » peut sembler peu sincère ou intrusif. Comme le souligne la psychologue, « Personne ne peut réellement savoir ce que l’autre ressent intérieurement ».

Malgré nos tentatives de rassurer, il est possible que l’on donne l’impression de minimiser la douleur ou de détourner l’attention de ce que la personne vit réellement. Parfois, il est préférable d’écouter sans chercher à éviter le sujet.

La puissance de la présence authentique

Face à la maladie, ce qui importe le plus n’est pas de trouver les mots parfaits, mais d’être là, simplement. Être présent de manière rassurante et authentique. Dire simplement : « Je suis là pour toi », « Tu es dans mes pensées », « Je suis là si tu as besoin ».

Amélie Boukhobza explique qu’il n’est pas nécessaire de trouver les mots justes. Ce qui compte, c’est d’être présent sans jugement ni pression pour remonter le moral à tout prix.

Un silence respectueux, une main sur l’épaule, un message régulier pour prendre des nouvelles… Ces gestes simples peuvent parfois avoir plus d’impact que des paroles toutes faites.

Être un soutien sans être pesant

Il est essentiel de ne pas en faire trop, de respecter le rythme et les émotions de l’autre. Être un soutien, c’est accepter les journées sombres, le silence, sans imposer des phrases toutes faites comme « Tout ira bien ».

Finalement, le plus bel acte de solidarité peut être de laisser l’autre être lui-même, sans le forcer à sourire, à se battre ou à rassurer les autres. Parfois, une présence discrète vaut mieux que de longs discours.