L’Homme Gelé : En Attente d’une Deuxième Chance

Par Youness
Publié le 26 mars 2025
MAJ le 6 juin 2025

Plongé dans un sommeil cryogénique depuis des décennies, un homme attend patiemment d'être réveillé dans un monde nouveau et inconnu.

Comprendre la cryogénisation humaine

La cryogénisation, également connue sous le nom de cryonie, implique la préservation d’un corps à une température extrêmement basse, généralement à -196 °C, dans l’espoir de le ramener à la vie à l’avenir grâce aux avancées scientifiques. L’objectif n’est pas de ressusciter les morts, mais de stopper le processus temporel au moment du décès légal, en anticipant des réparations éventuelles des dommages.

Cette méthode repose sur une distinction cruciale : la mort légale (arrêt cardiaque) ne signifie pas nécessairement la mort biologique totale (cessation de toute activité cérébrale). Ainsi, la cryogénisation cherche à préserver le cerveau tant que cela reste envisageable.

James Bedford : pionnier de la cryogénisation depuis 1967

Le 12 janvier 1967, James Bedford, un enseignant américain atteint d’un cancer incurable, devient le premier être humain à être cryogénisé. Peu de temps après son décès, une équipe médicale entame les procédures : ventilation artificielle, injection de produits antigel, puis refroidissement progressif jusqu’à la vitrification complète.

Actuellement, son corps repose dans un conteneur métallique en Arizona, États-Unis. Positionné tête en bas par mesure de précaution en cas de fuite d’azote, Bedford, âgé de 73 ans au moment de son cryo-sommeil, s’est engagé dans une expérience audacieuse : défier la mort grâce aux progrès scientifiques.

Une démarche qui semble sortie d’un roman de science-fiction

La procédure de cryogénisation suit un processus rigoureux :

  1. Adhésion préalable à une société spécialisée (cotisation annuelle d’environ 370 €).
  2. Intervention immédiate à la constatation du décès légal.
  3. Refroidissement rapide avec glace et maintien de l’irrigation sanguine artificielle.
  4. Utilisation de cryoprotecteurs (antigels médicaux) pour éviter les dommages cellulaires dus au gel.
  5. Refroidissement final à -196 °C dans un réservoir d’azote liquide.

Ce processus, appelé vitrification, transforme les tissus en une substance similaire à du « verre biologique », offrant une conservation potentiellement prolongée.

Quand peut-on espérer le réveil ?

C’est là que se situe la limite. À l’heure actuelle, aucune technologie ne permet de ramener à la vie un corps vitrifié, ni de guérir la plupart des maladies à l’origine des décès. Les partisans de la cryogénie fondent leurs espoirs sur les avancées à venir : nanomédecine, thérapies cellulaires, clonage ou transfert de conscience.

En attendant, plus de 500 individus sont déjà conservés en cryogénisation, et plus de 5 000 autres ont manifesté leur intérêt pour cette expérience.

Entre immortalité et illusion glacée

La cryogénie soulève des interrogations tant éthiques que scientifiques. Est-ce un chemin sérieux vers une prolongation de la vie ou une quête d’immortalité réservée aux plus fortunés ? Est-il justifié d’investir des sommes considérables (pouvant atteindre 150 000 €) pour conserver un corps, voire simplement un cerveau ?

Ce concept suscite l’intérêt, à l’instar des pharaons qui se faisaient momifier en vue de l’au-delà, certains se tournent aujourd’hui vers l’azote liquide pour défier les limites du temps.

Mythe ou promesse pour l’avenir ?

Une chose est certaine : pour l’instant, James Bedford demeure l’homme le plus patient de l’histoire.