Cancer de la prostate : un dépistage vital trop souvent évité

Par Youness
Publié le 16 juin 2025

Beaucoup d’hommes fuient ce contrôle médical essentiel, par crainte ou négligence. Pourtant, détecté à temps, ce cancer fréquent peut être combattu efficacement. Pourquoi un tel tabou persiste-t-il autour d’un examen qui sauve des vies ?

Des symptômes silencieux qu’il faut savoir décrypter

Le cancer de la prostate est un malin qui sait se faire discret. Pas de douleurs aiguës, pas de signaux d’alarme évidents… du moins dans les premiers stades. Ce manque de manifestations tangibles rend la prise de conscience difficile. Quand certains symptômes finissent par se manifester – comme des gênes urinaires –, ils sont souvent attribués à d’autres troubles courants après la cinquantaine, notamment à l’hypertrophie bénigne de la prostate. Le danger ? Compter sur des symptômes flagrants peut hélas signifier que la maladie a déjà pris de l’avance.

Une statistique qui interpelle : 1 homme sur 8 concerné

D’après les données de l’American Cancer Society, un homme sur huit sera confronté au diagnostic d’un cancer prostatique au cours de sa vie. Dans l’Hexagone, il s’agit même du cancer masculin le plus fréquemment diagnostiqué. Malgré les progrès de la médecine, il représente toujours la deuxième cause de mortalité cancéreuse chez les hommes, juste derrière le cancer pulmonaire. Ce tableau pourrait paraître alarmant… mais une solution simple existe pour changer la donne : le dépistage précoce.

Le dépistage, une stratégie gagnante… trop souvent négligée

Le test de dépistage, en particulier l’analyse du taux de PSA (antigène prostatique spécifique) dans le sang, permet une détection extrêmement précoce. Une détection anticipée signifie des traitements moins lourds, plus efficaces, et surtout un pronostic bien plus favorable. Une importante étude européenne (ERSPC), conduite sur deux décennies auprès de plus de 70 000 participants, a révélé qu’un dépistage régulier pouvait diminuer de près de 20 % le risque de mortalité liée à ce cancer.

Qu’est-ce qui retient les hommes de se faire dépister ?

C’est le mystère à élucider. Les chercheurs de l’Institut du cancer Érasme (Pays-Bas) ont constaté qu’un homme sur six ne se présente jamais à ses examens de dépistage. Or, ces absents ont un risque accru de 23 % de mourir d’un cancer de la prostate. L’explication ? Pour la scientifique Renée Leenen, cela traduit une attitude plus générale : « Les hommes qui évitent le dépistage sont généralement ceux qui minimisent aussi les bilans de santé et les bonnes habitudes de vie. » Autrement dit, c’est souvent un réflexe – conscient ou non – de mettre sa santé en veilleuse.

Comment encourager le passage à l’action ?

Le dépistage prostatique est indolore et simple. Mais pour qu’il devienne une routine, il faut d’abord le démystifier. Une meilleure information, des messages rassurants et la déconstruction des tabous autour de ce sujet encore sensible sont essentiels. Les actions de sensibilisation, les récits d’expérience, mais aussi des échanges ouverts avec les médecins peuvent véritablement faire évoluer les mentalités.